Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Comité, je vous remercie de l’occasion qui m’est donnée de comparaître devant vous aujourd’hui.
Mon nom est Robert Asselin et je suis chef de la direction de de U15 Canada — le regroupement des quinze plus grandes universités de recherche du pays. Ensemble, nos établissements réalisent plus de 75 % de l’ensemble de la recherche universitaire au Canada, accueillent 70 % des doctorants à temps plein et génèrent une part déterminante de l’innovation nationale – qu’il s’agisse de brevets ou de contrats de recherche avec le secteur privé. Collectivement, nos universités constituent un atout stratégique de première importance pour notre pays : de véritables pôles de talents, de recherche et d’innovation.
Les étudiants internationaux — particulièrement ceux des cycles supérieurs — sont au cœur de cette mission. Ils apportent avec eux des compétences et des idées qui accroissent la capacité du Canada à innover, tout en renforçant notre économie et en enrichissant nos communautés.
Ces étudiants des cycles supérieurs représentent un vivier indispensable de talents hautement qualifiés. Plus de la moitié de ceux qui ont poursuivi une maîtrise ou un doctorat dans les années 2000 sont devenus résidents permanents dans la décennie suivante. Or, le Canada ne se situe qu’au 25ᵉ rang parmi les pays de l’OCDE en matière de diplômés aux études avancées. Nous ne pouvons nous permettre de détourner les meilleurs talents vers d’autres horizons.
Nous comprenons qu’une réforme de la politique d’immigration était nécessaire. Toutefois, l’approche uniforme appliquée à l’ensemble des étudiants internationaux a introduit un climat d’incertitude, terni la réputation du Canada et provoqué une baisse sensible des inscriptions.
Dans les universités du U15, la proportion d’étudiants internationaux est demeurée stable — entre 18 % et 20 % — de 2018 à aujourd’hui. Mais pour la première fois depuis des décennies, nous constatons des reculs marqués. Les inscriptions d’étudiants internationaux de première année au baccalauréat ont chuté de 19 %. Les programmes de maîtrise et de doctorat enregistrent eux aussi des diminutions substantielles, particulièrement dans des domaines aussi stratégiques que le génie, l’informatique, la santé et les sciences de la vie.
Ce sont précisément ces disciplines qui sous-tendent l’économie et la sécurité futures du Canada. À titre d’exemple, les inscriptions aux cycles supérieurs en génie informatique ont baissé de plus de 20 % en une seule année. Or, c’est ce bassin de talents qui nous permettra de bâtir des réacteurs nucléaires, de développer nos capacités en intelligence artificielle et de consolider notre base industrielle en défense.
Parce que les étudiants des cycles supérieurs jouent un rôle central comme assistants de recherche, ces diminutions fragilisent déjà la capacité de l’écosystème canadien de recherche à produire les découvertes et les innovations dont dépendent nos entreprises et notre société. Inclure ces étudiants dans les plafonds de permis d’études a affaibli notre potentiel de recherche au moment même où notre souveraineté et notre compétitivité exigent un renforcement vigoureux. Le discours du Trône lui-même a rappelé l’importance d’attirer « les meilleurs et les plus brillants ».
Nous recommandons par conséquent trois mesures prioritaires :
- Rétablir la réputation du Canada en envoyant un signal clair que nous accueillons les meilleurs talents mondiaux, notamment par un traitement accéléré des demandes de permis d’études.
- Exempter les étudiants des cycles supérieurs des plafonds de permis d’études.
- Cibler les mauvais acteurs tout en soutenant les établissements qui respectent les normes les plus élevées, au moyen d’une approche différenciée qui reconnaît l’excellence.
Dans un monde où les idées, les talents et la technologie définissent la prospérité et la sécurité, notre capacité à attirer et à retenir les esprits les plus brillants déterminera notre avenir. Envoyer aujourd’hui un mauvais signal, c’est risquer de voir une génération entière de talents partir vers nos concurrents — et avec elle, les innovations et les industries qui façonneront le XXIᵉ siècle. Agir maintenant avec lucidité et détermination, c’est au contraire consolider la réputation du Canada comme destination mondiale de l’excellence en recherche et en découverte.
Il ne s’agit pas seulement de l’avenir de nos universités. C’est l’avenir de notre économie et de notre sécurité qui est en jeu. Le moment est venu de choisir l’ambition.